Le retour du fils pro... euh de Ailin pardon

A la fin de l'été 1188, par une chaude matinée, Panastel entre dans la cuisine située au rez-de-chaussée du bâtiment principal et interpelle Xzyl qui petit-dejeunait tranquillement, pour une fois en dehors de son laboratoire.
"Il y a un vieil ermite barbu en haillons avec les cheveux tout hirsutes qui vient d'arriver. Il dit qu'il vit ici et qu'il s'appelle Ailin...."

Xzyl redresse la tête et se dirige vers la porte. 
Blanche, venue d'on ne sait où, l'a déjà précédée et observe Ailin secouer ses vêtements dans un nuage de poussière. Les enfants de Panastel ne sont pas en reste à observer ce curieux personnage.

En effet, Ailin est de retour. Il semble très heureux de retrouver sa "famille". Heureux et surpris de voir tant de changements : deux nouveaux bâtiments, une roulotte, plein de nouveaux habitants et même des enfants !
Il n'a pas changé. Les cheveux peut-être un peu plus long mais c'est tout.

Ailin salue chacune des personnes présentes qu'il connaît mais aussi les nouveaux habitants. Assez rapidement, Xzyl demande à échanger seul à seul avec lui.

Ailin a disparu un long moment (plus d’un an), sans qu’on ne sache où il était, quand il reviendrait ou même s’il était en vie.
Si les mages n’ont pas ouvertement partagé leurs inquiétudes ou interrogations, les autres membres de l’alliance ont pu se poser des questions et ressentir que ce n’était pas prévu.
 
Lorsqu’il a fait son apparition à l’orée de la clairière, en cette fin de matinée d’été 1188, Albina qui sortait du linge dehors a été la première surprise, au point d’en lâcher son baquet d’eau, tandis que Pavel entre à l’intérieur annoncer la venue.
Ailin s’entretient avec Albina des évolutions de l’Alliance : la clairière est élargie et deux bâtiments ont poussé… tandis que trois inconnus viennent de s’arrêter dans leur travail auprès d’une écurie nouvelle pour dévisager cet ermite hirsute à l’air étrange.
Albina est surtout très heureuse de raconter le pèlerinage qui vient juste de se terminer 3 jours plus tôt.
 
Quelques minutes plus tard, Xzyl et Aodren viennent accueillir leur ami et lui présenter Perkrax et Pavel. Ulfius est en voyage vers ses terres natales.
Muriel propose d’étoffer le repas du soir pour le rendre plus « festif » pour l’occasion. Ailin remercie chaleureusement et explique devoir converser avec ses deux amis. Pavel et Perkrax ne sont pas conviés à cette discussion qui a lieu dans le capharnaüm qui sert de Sanctum à Ailin.
L’après-midi passe et ce n’est que tard que les trois mages sortent enfin du sous-sol pour venir se mettre à table. Le repas, servi dehors, est déjà bien avancé

Tibors raconte ses exploits et Muriel et Eliaz rivalisaient à qui lui jetterait les regards d’admiration les plus intenses. Les ex-templiers écoutent sans trop savoir le vrai du faux. Amalrik enchante Albina et Lug, côte à côte, de sa musique. Pavel jette un regard bienveillant sur sa petite famille tandis que Perkrax débat avec Blanche du rôle des rhools (à ne pas confondre avec la musique d’Amalrik) dans la protection de l’alliance.

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Même si Ulfius n’est pas là, je poste de façon publique car dès qu’Ulfius reviendra, Ailin le mettra au même niveau d’information que Xzyl et Aodren.
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Ailin laisse ses amis s’installer où ils le veulent… ou le peuvent dans son laboratoire.
Si la poussière ne s’est pas installée grâce à l’enchantement qui protège l’alliance, les différents ustensiles qui s’entassent un peu n’importe quand montre que ce Sanctum est loin de pouvoir être appelé laboratoire.
Hormis une modeste paillasse dans un coin, aucun élément n’indique qu’une personne vit ici.
Présentant que la conversation pourra être longue et voulant la rendre confortable, Ailin cherche du regard un endroit où s’assoir et, ne trouvant de chaise ou autre disponible décide de s’assoir directement à même le sol. Xzyl et Aodren décident de l’imiter.
 
« Mes amis, c’est à la fois un plaisir et un soulagement de vous revoir. Je m’en suis grandement voulu de n’avoir été à vos côté lors des événements qui vous ont mis en danger au Tribunal. Vous aviez reçu mon message en temps et en heure ? Probablement que non, vu que je l’ai moi-même envoyé trop tard. Ah les affres du temps. Il coule trop vite quand nous sommes pressés et trop lentement quand nous voudrions que nos expériences avancent, n’est-ce pas ?
Bref, je suis resté éloigné plus de temps que je ne l’aurais pensé… Hum encore que non. Je n’avais pas forcément pensé à combien de temps je resterais éloigné… donc en fait je suis resté éloigné un certain temps. »
 
Xzyl prend la parole :
« Vous avez inquiété l'Alliance, à partir comme ça, sans laisser de message. Heureusement que vous avez envoyé des lettres, sinon j'aurai été contraint d’enquêter sur votre disparition.
De plus, je ne peux oublier l'histoire de Nicira et je dois donc vérifier que vous êtes bien Ailin. Vous devez repasser devant la Pierre Noire et le miroir. »

[à suivre...]

Ailin comprend la réaction de son ami et s’exécute. Après vérification, Xzyl est moins tendu. Il semble vouloir poser une question puis se ravise, laissant Ailin raconter de lui-même son histoire.

« J’imagine que vous voulez savoir ce que j’ai fait pendant un an ? Je n’ai pas rencontré Shenegar Trot, en tout cas pas que je sache et en personne et je n’ai pas planifié d’attaque contre notre nouvelle Alliance. »
Aodren et Xzyl dévisagent Ailin et finissent par se mettre d’accord sur le fait qu’il s’agit d’une tentative d’humour ratée de la part du mage hirsute.

Ailin poursuit, naturellement, comme s’il parlait pour lui-même voir réfléchissait tout haut.
« Non, j’étais parti pour un lieu et suis arrivé in fine à un autre. Nord puis sud. Tel un marin tentant d’affronter et découvrir l’océan qui sait quand il part mais ni quand il rentre ou ce qu’il trouvera. Ainsi vont souvent certaines découvertes.
J’ai sûrement appris beaucoup de choses mais n’en ai pas réellement conscience. Ou n’ai pas encore compris ou pu interprété ce que je pense avoir appris.
Le père de Tibors par exemple, sera-t-il bientôt mort ? Court-il un danger ? Ou n’est-ce que la Roue du Temps qu’il doit suivre ?
Bref, j’ai nagé dans les méandres de mes réflexions. Un certain temps.
Et puis, un jour, j’ai eu un choix. Où voulais-je arriver ? La logique aurait voulu que j’arrive pour le Tribunal, comme si le fil du destin m’y conduisait… mais n’était-ce pas là l’occasion de défier ce fil ? De tenter d’infléchir le tracé de la Roue du Temps ? Ou plus modestement, d’en découvrir un peu plus dessus.
In fine, appris-je quelque chose sur la Roue du Temps ? J’en doute mais sait-on jamais ? Quand et sur quelle base, dans quelles conditions peut-on savoir si l’on a appris ? Bref, je fus comme séparé de moi-même.
J’étais là. Le Bosquet des Premières Neiges s’étendait autour de moi. Un parfum de déjà vu, une effluve de souvenir aurait pu, dû ?, m’envahir… mais non. Etait-ce finalement ma vie que j’avais vécue ? Et n’est-ce d’ailleurs pas réducteur de se cantonner à l’unique vie présente ? »
Ailin fait un clin d’œil entendu à ses deux amis mais ne semble pas remarquer que ni Aodren ni Xzyl ne semble avoir compris l’allusion.

Intrigué par l'histoire, essayant de comprendre, Xzyl demande :
Le Bosquet des Premières Neiges... qu'est ce?

Ailin regarde Xzyl, lui sourit d’un air un peu absent.
« Oh c’est un petit bois au parfum agréable, avec une douce brise rafraîchissante. Il offre sérénité et quiétude et permet de s’aérer l’esprit, lorsque les journées d’études ont été trop longues.
Il est situé à quelques lieues du village de Puessac. »
 
Puis, considérant la précision suffisante, Ailin poursuit son monologue :
 
« Je m’enfonçai dans ces lieux si familiers et pourtant auréolés d’un lourd souvenir.
J’y étais. Le temps des questions s’offrait à moi. Mais pas encore le temps des réponses. Encore qu’elles m’appartiennent à moi seul et c’est à moi seul d’y répondre. A moi et à vous trois, peut-être, avec Ulfius.
 
En échangeant avec mon maître, c’est avec moi-même que j’échangeais. Et n’est-ce pas la preuve d’un maître de qualité que d’aider son élève à progresser par lui-même ?
 
Mais venons-en au fait. Plus qu’avant encore j’ai eu cette quasi-certitude que nous fûmes tous quatre liés par le passé et encore aujourd’hui liés dans le présent. J’ai senti que nous étions en danger. Et moi absent, vous affrontiez ce danger sans moi, au Tribunal.
 

Mais plus important encore, en tout cas aujourd’hui est la menace qui peut peser sur nous. Je peux me tromper. Et il est toujours dangereux de considérer comme certaines les impressions que nous avons. Mais j’ai l’impression que nous avons été unis et sommes unis. Il nous appartient de changer la Roue du Temps et que l’adversité ne nous sépare. »